Coalition hétérogène de puissances émergentes, les BRICS s’affirment sur la scène mondiale, bousculent les équilibres géopolitiques et questionnent les hiérarchies du système postcolonial dominé par l’Occident. Œuvrant à la construction d’un monde multipolaire, plus en phase avec leur poids économique et démographique, ils cristallisent les aspirations du « Sud global » à s’affranchir d’un ordre international injuste, incapable de répondre à ses besoins de développement et aux grands défis de l’humanité.
La montée en puissance des BRICS est-elle pour autant synonyme d’alternative anti-impérialiste, voire anticapitaliste, pour ces majorités marginalisées, comme d’aucuns s’en félicitent ? Préfigure-t-elle l’émergence de relations plus équilibrées et de nouvelles formes de solidarité entre pays en développement ? Ou traduit-elle d’abord la volonté de ses membres de rebattre les cartes en leur faveur, sans changer fondamentalement les règles du jeu ? En dépit de leur rhétorique progressiste, ne tendent-ils pas à reproduire, dans leur sphère d’influence respective, les logiques de domination et d’exploitation qui caractérisent les rapports Nord-Sud, sur fond de rivalités inter-impérialistes ?
Au-delà d’une idéalisation ou d’une diabolisation a priori, des voix s’élèvent pour pointer ces contradictions, ces limites et ces risques. Si elles saluent l’avènement d’un monde moins asymétrique et plus inclusif, elles n’en dénoncent pas moins les pratiques prédatrices sur le terrain de ces forces montantes. Et s’alarment d’une possible normalisation autoritaire.
Illustration de couverture : XV BRICS Summit Open Plenary Session - GovernmentZA, août 23.
Recensions :
Entre les lignes, avril 2024.
L’appel, mai 2024.
Les BRICS+ et l’Afrique : « Une opportunité pour rejeter les diktats imposés par les Occidentaux ». Entretien avec Agnès Adélaïde Metougou